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devenir camgirl
5 octobre 2021

Devenir camgirl pour arrondir ses fins de mois, possibilité ou illusion?

Beaucoup de femmes se trouvent aujourd’hui dans des situations financières difficiles et se laissent tenter par l’aventure du camming. En effet, devenir camgirl nécessite (ou semble nécessiter?) peu de qualifications si bien que beaucoup d’étudiantes ou de mères célibataires mordent à l’hameçon de la promesse d’argent facile et entrent dans l’industrie du porno par la porte des shows webcam.

De l’uberisation de l’économie à l’uberisation du porno : le métier de camgirl

L’uberisation de l’économie a provoqué la suppression de nombreux emplois salariées tout en créant plein de « petits boulots » secondaires qui peuvent permettre d’arrondir ses fins de mois : Uber, Airbnb,… vous viennent peut-être à l’esprit mais sachez que si vous avez un talent que vous pouvez monnayer, il y a certainement une application qui existe pour vous aider à le faire.

Ce style d’uberisation du travail, exercé le plus souvent en freelance/indépendant, se retrouve dans presque toutes les industries aujourd’hui, y compris la pornographie. Lorsque les sites de tubes gratuits ont fait leur entrée sur le marché du divertissement pour adultes (pornhub, xvideos), ils ont réduit drastiquement les bénéfices des studios de production de films porno traditionnels, si bien que les actrices pornos ont du chercher d’autres moyens de gagner de l’argent. L’un d’entre eux est donc la réalisation de shows via webcam. Les actrices ont donc quitté les studios pour devenir camgirl.

Les webcams X ont gagné en popularité, tant auprès des modèles que des consommateurs. Les données d’une plateforme de gestion de camgirls ont indiqué que le nombre moyen de spectateurs a augmenté de 29% de 2019 à 2020, et l’industrie est estimée à près de 10 milliards de dollars par an.

Ce secteur d’activité est souvent loué par les fans qui en adorent l’interactivité mais également par les camgirls « à succès » pour son esprit d’entreprise et les gains financiers associés. Les camgirls sont censées être leur propre patron, choisir leurs horaires et fixer leurs propres conditions, y compris refuser les demandes des clients, ce qui est impossible pour une personne qui pratique l’escorting par exemple.

Néanmoins, bien qu’elle soit présentée comme « sûre » pour les camgirls, nous devons nous méfier d’une industrie qui repose plus sur des femmes qui tentent de joindre les deux bouts plutôt que de riches camgirls qui voyagent autour du monde.

Le métier de camgirl a souvent un lien avec la pauvreté

Différentes études montrent qu’un nombre croissant de femmes, mais aussi quelques hommes, complètent ou tentent de compléter leurs revenus avec le camming.

Voici comment cela fonctionne : ces femmes créent un profil sur l’un des principaux sites de camming – qui prélève une part importante des bénéfices de la cam girl – et tentent d’attirer des clients qui paieront pour voir un show en direct. Les interactions vont des actes sexuels (masturbation, pénétration) au striptease en passant par de simples discussions coquines, et globalement tout ce qui existe entre les deux. Certains consommateurs préfèrent un contenu doux qui imite l’expérience de la « petite amie », tandis que d’autres cherchent des camgirls pour satisfaire leurs fantasmes fétichistes les plus inavouables.

L’activité de camgirl ne requiert à première vue que très peu de qualification. Aucune expérience professionnelle ou diplôme universitaire n’est requis, ce qui explique le nombre croissant d’étudiantes souhaitant devenir camgirl et qui se lancent dans le camming pour payer leurs frais de scolarité et leurs loyers. Le nombre de mères occupant des emplois mal rémunérés qui se lancent dans cette activité est également en hausse.

En prenant un peu de recul on se rend compte que la pauvreté est souvent à l’origine de problèmes tels que la traite des êtres humains à des fins sexuelles, les femmes en situation socio-économique défavorisée étant vulnérables. Le cas de mères célibataires et des étudiantes qui se tournent vers la webcam ne parait pas si grave car ces femmes sont la plupart du temps libres et choisissent cette activité mais cela ne doit pas occulter le fait qu’elles ont bien souvent les mêmes difficultés financières.

Mais l’activité de camgirl a un problème de perception : on croit généralement que le camming est différent de la vente de services sexuels (prostitué, escorte), qu’il est moins stigmatisé et qu’il est plus sûr car il n’y a pas de rencontre physique. Mais comme nous le verrons plus loin dans l’article, l’idée que le camming est une industrie sans risque est loin de la réalité.

Camgirl, l’illusion de la sécurité derrière la webcam

Dans le monde entier, l’industrie des shows webcams est devenue saturée. Les cam girls des pays occidentaux comme la France sont en concurrence avec des modèles de pays à faible revenu comme la Roumanie, la Colombie et les Philippines. Ces pays sont connus pour être des plaques tournantes de l’industrie de la webcam, et les modèles travaillent généralement sous contrat avec des studios, parfois dans des conditions d’exploitation ou en tant que victimes du trafic de cybersexe.

Le nombre considérable de camgirls disponibles oblige les modèles à faire preuve de créativité. Pour gagner de l’argent, ils doivent trouver un public de niche et avoir des compétences en marketing et en relations humaines pour attirer les clients.

L’industrie a peut-être commencé par des « strip-teases » devant la caméra, mais comme dans le porno classique, les consommateurs se lassent des actes sexuels de base et demandent quelque chose de nouveau. L’un des avantages supposés des shows camgirl est la possibilité de refuser les demandes lorsque la camgirl ne se sent pas à l’aise de les exécuter. C’est vrai, mais refuser certaines demandes de clients peut entraîner de mauvaises critiques et donc nuire à l’image de la camgirl et ainsi réduire sa possibilité de trouver de nouveaux clients. Ne vous méprenez pas, les consommateurs peuvent faire et font des demandes dégradantes, fétichistes ou même parfois violentes et certaines camgirls les acceptent pour payer les factures.

En juin 2019, une femme de 21 ans nommée Hope Barden est morte par asphyxie en effectuant des actes sexuels lors d’une session webcam avec un homme de 45 ans, un de ses clients réguliers. Il n’a pas appelé à l’aide, rivé à son écran alors que Hope luttait pour respirer. L’homme aurait demandé à Hope de réaliser des actes sexuels de plus en plus hard et dangereux qui ont finalement conduit à cette tragédie.

Dans le sillage de la mort de Hope, la cam girl Elysia Downings a confirmé qu’elle aussi avait fait l’objet de demandes extrêmes, des clients lui demandant de s’étouffer, de suffoquer et de se frapper pour leur plaisir sexuel. D’autres filles ont raconté avoir été harcelées par des clients ou reconnues dans leur vie quotidienne. Une femme de 30 ans qui pratique la webcam depuis 2010 a déclaré que des hommes lui ont envoyé des mails pour lui dire qu’ils l’avaient vue faire du shopping ou aller courir, ce qui lui a donné le sentiment d’être « surveillée ».

Si un consommateur traque ou harcèle un modèle, le secteur qui l’emploie ne lui offre guère de protection. Trop souvent, en dehors du monde de la webcam et du porno, la réponse consiste à blâmer la victime et à lui dire : « Qu’est-ce que tu espérais qu’il arrive ? ».

Bien sur, ces tragédies restent heureusement exceptionnelles et il est possible de trouver de nombreuses camgirls qui pratiquent cette activité sans problème depuis de nombreuses années. C’est le cas de Cécile, du site devenir-camgirl.com « Je pratique cette activité de camgirl depuis plus de 7 ans et je suis très heureuse. Il y a évidement des viewers qui font des demandes pour le moins bizarres mais je n’ai jamais fait quelque chose que je ne souhaitais pas faire. » Elle ajoute également « le métier de camgirl est celui d’une véritable entrepreneuse. Si une fille souhaite devenir camgirl pour gagner facilement de l’argent sans s’investir, elle court à l’échec. Elle sera alors tenter de réaliser des actes hard pour trouver des clients et se mettra effectivement dans une situation délicate. Mais en réalisant cette activité sérieusement, il n’y a pas de problème. »

Nous sommes d’accord avec cela mais encore faut-il que les filles réalisant cette activité de camgirl ne soient pas dans une situation trop précaire pour avoir la présence d’esprit et le recul pour cadrer les clients. D’ailleurs, au lieu de se demander pourquoi les cam girls se sentent obligées de se plier à ces demandes dangereuses, nous devrions nous demander pourquoi ces demandes sont faites en premier lieu….

Une camgirl a avant tout une chose à vendre : son corps

Lorsqu’une jeune femme de 20 ans s’est retrouvée sans abri et dans l’obligation de subvenir aux besoins de sa fille de trois ans, elle s’est tournée vers le camming. Elle a détesté se connecter pour la première fois car elle dit avoir « une tolérance zéro pour le sexisme et considère que le porno est incroyablement dommageable pour les femmes. » (Mais elle s’est promis de le faire jusqu’à ce qu’elle se remette sur pied). Voici sa vision sur le problème de la perception de l’activité de camgirl : « Les médias sont prompts à rendre ce travail glamour, mais la vérité est que c’est émotionnellement dur et… épuisant. Je déteste me réduire à l’état d’objet. »

Pour elle, c’est vraiment ce qu’est le camming. L’objectivation et l’exploitation de personnes, souvent des femmes, qui ont des difficultés financières ou qui vivent dans des pays où les possibilités de carrière sont moindres.

Lors de la rédaction de cet article, une ex-camgirl nous a écrit pour nous expliquer comment sa valeur dans le monde de la webcam était basée sur sa beauté, la quantité de choses qu’elle était prête à montrer et son comportement sexuel extrême. Elle nous a dit que la difficulté était de dissocier son personnage de camgirl de sa personne afin de ne pas tomber dans le piège de croire que sa valeur en tant que personne dépend uniquement de sa sexualité. C’est malheureusement souvent le cas de le camming pour les filles souvent jeunes qui n’ont pas le recul nécessaire et entraîne donc des effets psychologiques négatifs.

Cécile ne nie pas ces dangers mais pour elle « une camgirl ne vend pas uniquement son corp, elle propose une ambiance, des discussion et bien évidement des actes sexuels. Les filles qui se lancent dans cette activité doivent avoir la tête sur les épaules et fixer leurs limites. » Elle conclut alors « Devenir camgirl, tout le monde peut le faire mais ce n’est pas pour tout le monde ». On aurait pas mieux dit!

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