Depuis longtemps, l’Homme, par sa soif d’imagination et son plaisir à l’invention, a exploré un univers vaste et sans limite aussi illimité que notre univers réel. Ce continent nous l’appelons depuis quelques années “virtualité”. Il est né de l’imagination, transporté depuis le fond des âges par les chants et les récits de conteurs au coin d’un feu de camp. Matérialisé tour à tour en papyrus, en parchemin, en livres, et autres manuscrits, imprimé puis filmé, enregistré et maintenant numérisé, le virtuel est cette somme de connaissances, d’inventions et d’abstractions que l’humanité a créée au fur et à mesure des siècles pour expliquer la réalité ou parfois la transcender dans des représentations sublimées dépassant celle-ci.
Quelle que soit l’exactitude de l’une des créations humaines, de la plus pure analyse scientifique à l’odyssée la plus idéale, chacune de nos œuvres est une représentation théorique de notre monde, ou d’un autre. Si le virtuel est l’essence même de notre histoire, nous avons toujours cherché à l’ancrer dans la réalité pour lui donner le pouvoir de l’expliquer ou de l’améliorer.
Le virtuel progresse chaque jour de plus en plus. Nous pouvons aisément nous en convaincre en parcourant la maison contemporaine composée de livres, d’ordinateurs, de télévisions ou encore de téléphones. Tous ces objets nous permettent d’augmenter notre réalité en lui accolant images, sons et sentiments que notre imagination et notre conscience marieront en une représentation compréhensible et unique.
La réalité est donc augmentée depuis longtemps, certainement depuis aussi longtemps que l’Homme a créé son premier outil lui permettant de dépasser ce que la nature lui avait donné. Cependant cette dénomination regroupe aujourd’hui des domaines plus précis que nous allons vous présenter dans les lignes qui suivent.
Une définition contemporaine
Gilles Simon, docteur et maître de conférence, s’intéresse à ce concept depuis plus d’une dizaine d’année, il le définit ainsi : « La réalité augmentée (RA) vise à ajouter des éléments virtuels au monde qui nous entoure, en offrant à l’utilisateur la possibilité d’être immergé dans cet environnement mixte. ». Ainsi, c’est bien l’émergence dans la réalité d’un objet conceptuel qui définit aujourd’hui la réalité augmentée. La forme la plus commune est l’ajout d’une image ou d’un flux d’images en superposition.
La réalité augmentée est donc l’ajout, la superposition ou l’effacement d’une image sur un écran devant une autre image réelle. Ces deux images se superposant de manière adéquate, nous ne voyons qu’une image, qu’une réalité, enrichie d’informations utiles, précises, calculées et même parfois drôles.
Des milliers d’applications
Un exemple simple que les passionnés d’automobile connaissent bien est la vision “tête haute”. Ce dispositif permet de lire rapidement, sur un plexiglass transparent, les informations habituellement indiquées sur le tableau de bord central de la voiture. Il constitue une aide à la conduite, s’intégrant dans l’environnement réel qui amalgamme les informations calculées et nécessairement virtuelles à un panorama, en l’occurence une route réelle. Les informations reçues ainsi par le conducteur dans son champ de vision direct ne sont pas hiérachisées ou séparées, et font partie d’un ensemble environnemental unique et facilement assimilable.
Nombre d’applications directement utilisables à partir d’un smartphone ou d’une tablette ont vu le jour pour nous faciliter la vie. Ainsi, pour les magasins ou les bâtiments, il est possible de filmer avec sa tablette et de positionner sur l’environnement un meuble, une machine-outil ou un bureau. En se déplacant, ce mobilier devient visible sur chaque angle de caméra. Il évolue avec notre mouvement et nous pouvons, en regardant notre écran, voir ce meuble dans son environnement final sans aucun déménagement, sans aucun effort physique autre que celui de porter une tablette et de marcher. Et si l’emplacement est inadéquat, nul besoin de 4 bras pour déplacer l’armoire en métal lourde et imposante, il suffit de se déplacer et de replacer virtuellement l’objet à un autre endroit. Et ce, jusqu’ à avoir trouvé la meilleure position, celle qui permettra aussi bien un accès facilité, un déplacement aisé, et sera tout à la fois esthétique.
D’autres applications plus ludique permettent de communiquer en temps réel comme Skype ou MSN en son temps. En ajoutant la visio conférence, des cœurs ou n’importe quel dessin ou animation viennent se greffer devant le visage d’un des communicant et agrémente la conversation de clins d’oeil apparaîssant comme par magie devant les transmissions vidéo en temps réel de ces communications d’un nouveau genre.
Plus près de nous, TWISTO la célèbre companie de bus de Caen la mer a ajouté à son application une fonctionnalité sympa qui permet de retrouver son arrêt facilement. Sortez votre téléphone, ouvrez l’application, et filmez votre environnement, les arrêts les plus proches s’indiqueront sur la vidéo au travers des murs et vous n’aurez plus qu’à vous diriger vers l’arrêt le plus proche. Cet outil est très pratique quand vous êtes dans un endroit que vous ne connaissez pas, prêt d’une station qui ne n’est pas dans vos habitudes.
Et pour demain…
Sortie en version de test depuis maintenant deux ans la star actuelle de la réalité augmentée est la Google Glass. Une paire de lunettes avec écouteurs affichant sur un écrans les informations aussi variées que le nombre d’application qu’elle peut contenir. Déjà utilisées par des chirurgiens pour leurs opérations, ces lunettes portent peut être en elles l’idée de notre avenir.